Ce blog a été rédigé à partir d'une interview avec Suzanne Wainwright-Evans, propriétaire de Buglady Consulting.
Aperçu :
- Une journée dans la vie d'un expert en biocontrôle
- Comment les produits de biocontrôle se comparent-ils aux pesticides chimiques traditionnels ?
- Quelles sont les principales considérations à prendre en compte lors de l’adoption de produits de lutte biologique ?
- Qu’est-ce qui détermine la compatibilité entre les produits biologiques et chimiques ?
- Que sont les « pesticides de synthèse » ?
- Insectes utiles et tolérance chimique
- Qu’est-ce qui détermine la compatibilité entre les produits de biocontrôle ?
- À quels défis l’industrie du biocontrôle est-elle confrontée ?
Contrôle biologique, ou «biocontrôle« implique l'utilisation d'organismes bénéfiques ou de biopesticides pour lutter contre les ravageurs indésirables. Les organismes bénéfiques comprennent les acariens prédateurs, les insectes utiles et les nématodes utiles, tandis que les biopesticides englobent les produits microbiens (à base de bactéries, de virus ou de champignons), les composés sémiochimiques et les produits naturels comme les savons et les huiles. De plus en plus, les producteurs se tournent vers la lutte biologique pour compléter ou remplacer les pesticides chimiques traditionnels. Cependant, cette évolution nécessite une compréhension de l'interaction entre les différents produits.
Une gestion efficace des nuisibles repose sur la compatibilité, qu'il s'agisse des luttes biologiques elles-mêmes ou des luttes biologiques et chimiques. Cette synergie est essentielle à la réussite d'un programme de lutte antiparasitaire, d'où la nécessité de l'accompagnement d'experts.

Les microbes peuvent-ils coexister avec les insectes utiles ? Existe-t-il des produits chimiques compatibles avec des programmes biologiques ?
Pour explorer ces questions, nous avons parlé avec Suzanne Wainwright-Evans, conseillère agricole basée aux États-Unis et propriétaire de Buglady ConsultingAvec plus de 30 ans d’expérience, Suzanne a travaillé avec des producteurs commerciaux pour mettre en œuvre des solutions de biocontrôle qui allient science, économie et praticité.
La passion de Suzanne pour l'entomologie a débuté très tôt. Elle a passé son enfance principalement en plein air, à chasser les insectes. « J'étais une de ces enfants en liberté », se souvient-elle. « Ma mère me laissait simplement sortir. » Au lycée, Suzanne faisait partie d'un club d'écologie scolaire judicieusement nommé « Sauver ce qui reste », où les élèves relogaient des plantes et des animaux indigènes sur des terres sur le point d'être rasées par des bulldozers pour des lotissements. « Pendant l'expansion rapide de la Floride dans les années 1980, c'était déchirant de voir l'impact de l'agriculture intensive et du développement humain sur l'environnement », se souvient Suzanne. « Je voulais contribuer à la solution. »
Après avoir obtenu des diplômes en entomologie et en horticulture à l'Université de Floride, Suzanne a débuté sa carrière chez Florikan, aidant les producteurs à concevoir des programmes de lutte biologique efficaces. Aujourd'hui, elle voyage beaucoup et offre son expertise aux pépinières, serres et jardins botaniques des États-Unis.
Une journée dans la vie d'un expert en biocontrôle
Les journées de travail de Suzanne se répartissent entre ateliers, consultations et son atelier à domicile. Elle prend régulièrement l'avion pour donner des conférences ou rendre visite à des producteurs, où elle évalue leurs programmes de lutte antiparasitaire, identifie les problèmes et recommande des solutions sur mesure.
Son approche met l’accent lutte intégrée contre les nuisibles Principes de la lutte intégrée : « Je commence toujours par les pratiques culturales, la nutrition et les produits plus doux avant de recourir à des solutions chimiques », explique Suzanne. Elle prend également en compte les aspects économiques de la lutte antiparasitaire : « Les producteurs ont besoin de solutions abordables pour maintenir leur activité. »

En plus de ses activités de consultation, Suzanne consacre une grande partie de son temps à la photographie d'insectes dans son studio à domicile, alliant son expertise scientifique à un exutoire créatif.
Comment les produits de biocontrôle se comparent-ils aux pesticides chimiques traditionnels ?
« Le principal moteur du passage à la lutte biologique est la résistance », explique Suzanne. « Si les produits chimiques traditionnels fonctionnaient aussi bien qu'au premier jour, on continuerait à les utiliser. »
Contrairement aux pesticides de synthèse, nous n'avons jusqu'à présent observé aucun développement de résistance des nuisibles aux biopesticides microbiens, tels que ceux contenant Beauveria, Cordyceps et Metarhizium, malgré leur utilisation répétée. C'est également le cas des huiles et des savons, qui agissent par asphyxie ou dessiccation. Le risque de développement d'une résistance est très faible. Au-delà de leur efficacité, les produits biologiques sont souvent plus respectueux de l'environnement, plus sûrs pour les travailleurs et plus durables.
Quelles sont les principales considérations à prendre en compte lors de l’adoption de produits de lutte biologique ?
1. Économie
« Le principal défi n'est pas le coût des produits de biocontrôle eux-mêmes, mais le coût des méthodes d'application et de la main-d'œuvre. » Drones et autres innovations, comme celles de Biobest Système entomatique, qui applique des insectes utiles au même rythme que la pulvérisation d'un pesticide, contribuent à automatiser le processus et à rendre la lutte biologique plus abordable. Le type de culture joue également un rôle : les cultures à forte valeur ajoutée peuvent mieux absorber les coûts.
2. Nuisibles ciblés
Il est important de comprendre les ravageurs qui affectent votre culture et de les prioriser. Par exemple, si la cochenille et le thrips des petits fruits sont présents sur la même culture, la lutte antiparasitaire sera plus complexe si des traitements chimiques sont nécessaires pour lutter contre la cochenille. Ces traitements pourraient avoir un impact négatif sur les traitements de bioprotection contre les thrips.
3. Demande
« Les microbes sont des produits de contact ; il est donc essentiel d'avoir une bonne couverture de pulvérisation ! » Ceci souligne l'importance d'utiliser des pulvérisateurs de haute qualité, disponibles dans une large gamme de qualités. Sans une couverture adéquate, l'efficacité du produit sera considérablement réduite. Même des facteurs comme la taille des particules peuvent avoir un impact majeur sur l'efficacité d'un produit.
L'application de macrobiotiques (insectes, acariens, nématodes) nécessite également une attention particulière. Les producteurs doivent les appliquer au bon moment, de manière uniforme et sans les endommager.

4. Climat
Les options de lutte biologique varient selon les régions. Aux États-Unis, les options de lutte biologique sont plus nombreuses contre les ravageurs tempérés, tels que le thrips des petits fruits, le puceron du melon et le puceron vert du pêcher. Pour les ravageurs tropicaux, comme les cochenilles farineuses ou les thrips tropicaux, les options de lutte biologique sont moins nombreuses. Il est donc parfois plus probable de recommander la lutte biologique dans les climats plus frais du Nord-Ouest Pacifique et les produits chimiques dans les climats tropicaux de Floride. « Les produits biologiques sont plus dominants plus au nord, et les produits chimiques plus au sud. Cela s'explique par le fait que la plupart des technologies de lutte biologique proviennent d'Europe et du Canada, dont les climats sont largement plus tempérés. »
Qu’est-ce qui détermine la compatibilité entre les produits biologiques et chimiques ?
Pour déterminer la compatibilité d'un pesticide avec un agent de lutte biologique, il faut tenir compte à la fois de la matière active et de la formulation, car elles influencent toutes deux la compatibilité. L'impact direct de la matière active sur les auxiliaires peut souvent être étudié grâce à des études approfondies menées par des entreprises de lutte biologique et des chercheurs. Cependant, ces tests sont généralement de courte durée et ne permettent pas d'évaluer les effets à long terme, la répulsion alimentaire ou l'impact sur la fécondité.
Les substances inertes présentes dans un produit, même si elles ne sont pas directement toxiques, peuvent également affecter les substances bénéfiques. Par exemple, un excipient à base d'huile peut avoir un effet suppresseur sur les acariens prédateurs.
Pour assurer la compatibilité, il est essentiel de consulter un expert qualifié qui peut vous aider à choisir le produit adapté à votre programme.

Que sont les « pesticides de synthèse » ?
Suzanne souligne qu'il existe aujourd'hui sur le marché des produits beaucoup plus ciblés, conçus pour agir sur des groupes de nuisibles spécifiques tout en minimisant les dommages aux organismes non ciblés. On les appelle parfois « pesticides sur mesure ». Parmi les ingrédients actifs de ces produits, on trouve le bifénazate, le cyflumétofène et la pymétrozine.
Les biopesticides peuvent également être très ciblés, mais certains ont un large spectre d'action. Si les biopesticides ont tendance à être plus doux envers les agents de lutte biologique, ce n'est pas toujours le cas. C'est pourquoi il est essentiel de comprendre le produit que vous utilisez et son impact potentiel sur les auxiliaires de votre programme.
Insectes utiles et tolérance chimique
La tolérance aux résidus chimiques varie selon les agents de lutte biologique. Les larves de chrysopes, qui se nourrissent de divers ravageurs, sont plus tolérantes que de nombreux autres auxiliaires, ce qui en fait une option polyvalente en cas de préoccupations liées aux résidus de pesticides.
En revanche, certains acariens prédateurs et parasitoïdes sont très sensibles aux résidus de pesticides. Lorsqu'ils rencontrent le feuillage traité, ces auxiliaires peuvent mourir ou abandonner complètement la plante. Cette sensibilité souligne l'importance de choisir soigneusement un auxiliaire en fonction de l'historique des traitements de la culture.

Qu’est-ce qui détermine la compatibilité entre les produits de biocontrôle ?
La compatibilité dépend de la formulation du produit. Par exemple, Beauveria bassiana sous sa forme de poudre mouillable (par exemple, Bioceres®) est compatible avec les acariens prédateurs lorsqu'il est mélangé à de l'eau et pulvérisé. Cependant, les formulations à base d'huile sont moins compatibles, car le support huileux peut nuire aux acariens prédateurs. Les supports huileux dans les formulations peuvent améliorer la durée de conservation et l'adhérence, mais une synchronisation rigoureuse est nécessaire ; appliquer le produit au préalable et le laisser sécher avant de libérer les agents bénéfiques peut atténuer les risques.
Exemples de combinaisons fiables de produits
- Acaricide compatible + Phytoseiulus persimilis:Un acaricide qui cible uniquement les tétranyques sans nuire P. persimilis acariens prédateurs, le cyflumétofène en est un exemple.
- Bioceres® (Beauveria bassiana souche ANT-03, poudre mouillable) + Phytoseiulus persimilis: Les B. bassiana Il cible les thrips des petits fruits, tandis que l'acarien prédateur s'attaque aux tétranyques. Ajoutez des nématodes bénéfiques au sol pour les pupes de thrips des petits fruits et du ruban adhésif jaune pour le piégeage massif des adultes.
Exemples de combinaisons pour faire vos devoirs
- Fongicides + Beauveria bassiana:Bien qu'il puisse sembler que les fongicides ne puissent pas être mélangés avec des produits contenant B. bassiana, beaucoup sont étonnamment compatibles. Cependant, ne vous fiez pas aux devinettes : vérifiez toujours auprès du fabricant des produits que vous envisagez de mélanger pour vous assurer de leur compatibilité.
- Régulateurs de croissance des plantes (RPG) + Aphidius colemaniUn domaine nécessitant incontestablement davantage de recherches est l'impact des régulateurs de croissance des plantes (RCP) sur les agents de lutte biologique. Une étude réalisée en 2013 à l'Université d'État de Caroline du Nord a examiné les effets des RCP sur le parasitoïde du puceron. Aphidius colemani et a constaté un impact négatif. Il s'agit d'un facteur important à prendre en compte lors de l'utilisation de régulateurs de croissance et d'un programme de lutte biologique.
- Utilisation excessive de savons et d'huilesBien qu'efficaces contre les ravageurs, elles peuvent nuire aux cultures en cas d'application excessive ou de dosage excessif. Les producteurs doivent appliquer des huiles essentielles particulièrement dangereuses, comme l'ail, le romarin et le thym, en quantités précises afin d'éviter toute phytotoxicité. Les huiles à base de pétrole hautement raffinées ont démontré un niveau élevé de sécurité. De plus, une fois sèches, les producteurs peuvent libérer les substances bénéfiques en toute sécurité.

À quels défis l’industrie du biocontrôle est-elle confrontée ?
À l'instar du marché noir des pesticides, il existe également un marché noir de produits antiparasitaires microbiens. Ces produits contrefaits sont souvent bien moins efficaces et peuvent saper la confiance dans la lutte biologique comme stratégie fiable de lutte antiparasitaire. Les producteurs et les distributeurs d'intrants agricoles doivent acheter uniquement des produits homologués par l'organisme de réglementation national et auprès de sources fiables. Ils doivent également vérifier la présence et la conformité des caractéristiques essentielles de chaque produit, telles que le nom, la composition et la concentration de l'ingrédient actif, ou l'emballage, comme les scellés intacts, les étiquettes ou les marqueurs officiels (comme les hologrammes).
Un autre obstacle majeur est le manque de directives claires sur l'utilisation des agents de macro-biocontrôle. « Les produits de biocontrôle ne sont pas comme les produits chimiques dont il suffit de suivre l'étiquette. Lorsqu'il s'agit d'insectes, d'acariens et de nématodes, la marge de manœuvre est grande quant aux doses. » En cas de doute, consultez toujours un conseiller expérimenté pour vérifier la compatibilité. Essayez de trouver un « ami des insectes » pour discuter et partager vos idées. Enfin, Organisation internationale de lutte biologique (OILB) La base de données est une excellente ressource sur les détails de compatibilité des produits.
La lutte biologique offre une alternative durable et efficace aux pesticides traditionnels, mais un facteur crucial de son succès réside dans la compréhension de la compatibilité des pesticides entre les organismes bénéfiques, les produits microbiens et les solutions chimiques. Suzanne met l'accent sur les facteurs clés de réussite, notamment le choix des formulations adaptées, la compréhension de l'écologie des organismes bénéfiques et l'intégration de pesticides sur mesure si nécessaire. En adoptant des solutions sur mesure alliant science, praticité et durabilité, les producteurs peuvent exploiter pleinement le potentiel de la lutte biologique dans leurs programmes de lutte antiparasitaire.
Ce blog contient des hyperliens vers des produits proposés par nos partenaires Biobest et Anatis Bioprotection. Utilisez notre outil de recherche pour trouver des produits similaires dans votre pays qui répondent à vos besoins spécifiques.