Aperçu
Définition de la lutte antiparasitaire intégrée
La lutte intégrée contre les ravageurs (IPM) est une approche de gestion des cultures respectueuse de l'environnement. Son objectif principal est de résoudre les problèmes de ravageurs tout en limitant les effets indésirables sur l'environnement et sur la santé humaine.
La FAO décrit l'approche IPM comme "l'examen attentif de toutes les techniques de lutte antiparasitaire disponibles"
La lutte intégrée contre les ravageurs comprend la mise en œuvre de divers moyens biologiques, chimiques, physiques et de techniques culturales spécifiques à chaque culture. Cette approche favorise des cultures saines et minimise l'utilisation de pesticides. La réduction de l'utilisation des pesticides réduit les risques pour la santé des personnes et pour l'environnement. La lutte intégrée contre les ravageurs est une forme durable de lutte antiparasitaire.
La lutte intégrée contre les organismes nuisibles, en tant que forme d'agriculture durable, vise à :
- Gérer les dégâts causés par les organismes nuisibles de la manière la plus économique possible
- Limiter les effets indésirables sur les personnes, les biens et l'environnement
- Éviter les conséquences négatives pour l'agriculteur
- Réduire la perte en biodiversité et améliorer la conservation
- Protéger le droit humain à l'alimentation
Comment fonctionne l'IPM ?
Les programmes de lutte antiparasitaire intégrée comprennent un certain nombre d'étapes: évaluations des problèmes, décisions et mise en oeuvre des moyens de contrôle.
Les producteurs utilisent généralement une approche en cinq étapes lors de la réalisation d'un programme de lutte intégrée contre les ravageurs.
Ces cinq étapes comprennent :
- L'identification des ravageurs
- La définition d'un seuil d'action
- La surveillance (monitoring)
- La prévention
- Le contrôle


1. Identification des ravageurs
L'identification correcte de l'organisme nuisible est essentielle pour prendre des décisions ultérieures et utiliser des mesures ciblées. Cette étape est essentielle pour évaluer si le ravageur est susceptible de devenir un problème et pour sélectionner les stratégies de gestion appropriées.
Une mauvaise identification ou un manque d'informations sur l'organisme nuisible conduit généralement à la sélection de mesures inadaptées, ce qui conduit à son tour à un échec de la lutte antiparasitaire. Lors de l’identification d’une maladie d’une mauvaise herbe, d’un insecte ou d’une plante, il est idéal d’avoir un échantillon du ravageur. Cela garantit qu’il est correctement identifié. Vous pouvez même demander l’expertise d’agents de vulgarisation.
Le ravageur n'est pas toujours visible et vous devrez plutôt en rechercher les symptômes.
Une ressource utile à l'identification des organismes nuisibles est le Plantwise Diagnostic Field Guide. Cet outil permet de diagnostiquer les problèmes que vous rencontrez dans vos cultures et de faire des recommandations pour leur gestion.
Identifier l'organisme nuisible signifie également en apprendre davantage sur son cycle de vie et sa biologie. Cela aidera à choisir la stratégie de contrôle la plus adaptée.
Vous pouvez utiliser les CABI Invasive Species Compendium pour la recherche d'informations sur les ravageurs.


2. Définir un seuil d'action
La définition d'un seuil d'action est l'un des aspects les plus importants de l'IPM.
Un seuil d'intervention est le point à partir duquel des mesures doivent être prises pour lutter contre l'organisme nuisible. Il s'agit de la ligne directrice qui indique le moment où les organismes nuisibles atteignent un niveau (c'est-à-dire le nombre d'organismes nuisibles par unité de surface) qui justifie une action pour éviter ou diminuer les dégâts causés par les organismes nuisibles.
Pour définir un seuil d'action dans votre stratégie IPM, il faut se demander :
- Existe-t-il une menace économique et quel est le coût d'une action de lutte antiparasitaire?
Des mesures de lutte antiparasitaire seront prises seulement si le seuil d'action est dépassé. Le coût de la lutte antiparasitaire doit être inférieur ou égal aux pertes estimées causées par le ravageur si rien n'est fait.
- Quels sont les risques pour la santé et la sécurité ?
Lorsqu'un organisme nuisible constitue une menace pour la santé ou la sécurité humaine, le producteur doit réduire le seuil d'intervention. Par exemple, si le producteur trouve des parasites dans les céréales et la farine dans les aliments destinés à la consommation humaine.
- Existe-t-il la possibilité que le produit souffre de dommages visuels ?
Les dommages à l'apparence de tout produit peuvent être préoccupants. Les produits endommagés sont difficiles à vendre.
La définition des seuils d'action devrait être basée sur un suivi régulier des cultures, ce qui nous amène à la troisième étape de la la lutte intégrée contre les ravageurs.
3. Surveillance


La tenue de bons registres des populations de ravageurs est importante pour décider quand il est temps d'agir. Cela évite d'utiliser des moyens de contrôle lorsque ce n'est pas nécessaire. Le suivi et la gestion des ravageurs doivent être adaptés à chaque situation.
Les seuils d'action peuvent être flexibles. Par exemple, ils peuvent être définis en fonction du :
- Nombre moyen de ravageurs capturés par piège chaque semaine
- Du pourcentage de feuilles/plantes endommagées ou infestées découvertes lors de l'examen
- Du nombre de parasites délogés par échantillon (par exemple pour chaque battement de plante)
4. Prévention
La prévention est une étape clé de la lutte intégrée contre les ravageurs. C'est la meilleure ligne de défense contre les nuisibles. Le but de la prévention est d'empêcher les populations de ravageurs d'atteindre des niveaux économiquement dommageables.
L'IPM vise à prévenir les problèmes de ravageurs. Cette méthode de lutte antiparasitaire est souvent moins chère et donne de meilleurs résultats à long terme. Même si la prévention n'élimine pas les ravageurs, elle peut en réduire le nombre et les rendre plus facile à contrôler.
Les actions préventives comprennent entre autres:
- Choisir soigneusement l'emplacement de la culture
- Sélection de la variété la plus appropriée
- Stratégie de plantation et rotation des cultures
- Utilisation de biopesticides préventifs
- Méthodes mécaniques, physiques et culturales de protection des cultures
- Gestion de l'eau
- Optimisation de la nutrition des plantes
- Protection des habitats naturels à proximité des terres agricoles
Ces actions peuvent être très efficaces et présentent peu de risques pour l'environnement et les personnes.
5. Contrôle


La lutte antiparasitaire est nécessaire lorsque les seuils d'action sont dépassés et lorsque les actions préventives ne fonctionnent plus.
La combinaison de différentes méthodes apporte de meilleurs résultats en terme de durée et d'efficacité.
Les méthodes utilisées en lutte intégrée incluent :
- Le piégeage (par exemple les pièges à phéromones)
- Les traitement thermiques ou cryogéniques
- L'enlèvement physique (manuel, mécanique, etc)
- La lutte biologique
- L'application de pesticides
Il est important d'évaluer les effets des actions de lutte antiparasitaire et des stratégies mises en œuvre.
Cela peut être fait en gardant :
- Un registre régulièrement mis à jour de toutes les méthodes de lutte antiparasitaire utilisées, y compris de toutes les applications de pesticides
- Un registre des méthodes de lutte non chimiques envisagées et de celles mises en œuvre
- Un résumé des leçons apprises afin de ne pas répéter les mêmes erreurs et éviter de futurs problèmes
Pourquoi utiliser l'IPM ?
L'IPM offre de multiples avantages tant pour l'homme que pour l'environnement. Public Health Notes et Crop Lifeprésentent certains de ces avantages:
- Réduction des impacts négatifs sur la biodiversité, préservation des ressources du sol et en eau; par exemple l'utilisation judicieuse de méthodes de contrôle alternatives prévient la disparition d'insectes bénéfiques due à l'utilisation inappropriée de pesticides chimiques.
- Réduction des risques pour la santé des travailleurs agricoles : moins de recours aux pesticides signifie moins d'exposition et moins de problèmes de santé.
- Réduction des risques de développement de résistance aux pesticides et de réapparition de ravageurs: la dépendance à une seule tactique de lutte augmente la probabilité d'habituation et de résistance des ravageurs. L'IPM et l'alternance de méthodes de contrôle sont bénéfiques dans la prévention de ces problèmes.
Les mesures de prévention prises dans le cadre d'un programme de lutte intégrée contribuent à prévenir les pullulations de ravageurs et permettent des économies de temps et d'argent. Pour les producteurs, l'IPM contribue à:
- Augmenter la rentabilité de leurs cultures grâce à une meilleure lutte antiparasitaire
- Maintenir l'accès au marché
- Réduire le risque de restrictions sur leurs produits dues à présence de résidus de pesticides
- Accroître la confiance du public