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Lutte contre la cicadelle du maïs : méthodes d'identification et de gestion

Écrit par: Fanny Deiss Fanny Deiss

Commenté par: Steve Edgington Steve Edgington

Thème: Guides antiparasitaires

Aperçu :

La cicadelle du maïs est un petit insecte ravageur responsable de dégâts importants aux cultures de maïs, notamment au Brésil. Ce ravageur est répandu en Amérique du Nord et du Sud et a également été identifié en Afrique et en Asie. Les dégâts sont principalement dus aux maladies transmises par le ravageur, maladies entraînant un retard de croissance du maïs, des pertes de récoltes et de rendements avec des conséquences économiques substantielles.  

Cet article présente un aperçu de la cicadelle du maïs et de ses dégâts aux cultures, des éléments d'identification de l'espèce et certaines méthodes efficaces pour la surveiller et la contrôler. 

Qu'est-ce que la cicadelle du maïs ?

Une image en gros plan de trois cicadelles du maïs : un adulte en bas et deux nymphes en haut
Cicadelles adultes (en bas) et nymphes (en haut) du maïs, photo prise à l'aide d'une caméra microscopique. Crédit : CABI 

La cicadelle du maïs (Dalbulus maidis) est un insecte suceur affectant les cultures de maïs. Les adultes sont de couleur beige ou jaune clair, mesurent environ 0.3 cm de long et présentent deux taches sombres distinctives sur la tête, visibles uniquement au microscope (voir image ci-dessus). Ils peuvent se déplacer rapidement et voler sur plusieurs kilomètres d'une seule traite. Ce ravageur peut par conséquent atteindre facilement les cultures de maïs sur vastes territoires. 

Cycle de vie

Les œufs de la cicadelle du maïs, de couleur jaune, ont une forme cylindrique aux extrémités arrondies, d'une longueur de 1mm. La femelle dépose ses œufs directement dans la nervure centrale des feuilles de la plante hôte (voir l'image ci-dessous). Cet emplacement rend les œufs plus difficiles à repérer que ceux d’autres ravageurs. L’éclosion des œufs intervient 4 à 10 jours après la ponte. Les nymphes se nourrissent des fluides végétaux. La cicadelle du maïs connaît cinq stades de développement (appelés stades nymphaux) avant d'atteindre l'âge adulte. Ce processus dure environ 2 semaines. Les mâles adultes vivent environ 80 jours, tandis que les femelles ont une durée de vie d'environ un mois au cours de laquelle elles pondent jusqu'à 600 œufs. L'espèce hiverne dans d’autres cultures, comme la luzerne et les graminées, avant de rechercher les cultures de maïs en début de saison. 

Comme beaucoup d’autres insectes, la cicadelle du maïs a un cycle de vie plus rapide durant les saisons chaudes et dans les climats chauds que dans les climats froids. Cela signifie que ce ravageur peut produire plus de générations par an dans des conditions plus chaudes.

Une image en gros plan d’œufs de cicadelles du maïs, prise avec une caméra microscopique.
Œufs de cicadelle du maïs dans une feuille, photo prise à l'aide d'une caméra microscopique. Crédit : CABI

Quel est l’impact de la cicadelle du maïs ? 

La cicadelle du maïs endommage la plante en se nourrissant de fluides végétaux à l'intérieur du verticille de la plante (la spirale de feuilles que l'on voit au centre d'un jeune plant de maïs). Plus précisément, le ravageur consomme l'eau et les minéraux présents dans le xylème ainsi que les nutriments et les sucres qu'il trouve dans le phloème. La cicadelle du maïs libère également sur les feuilles un miellat collant, souvent colonisé par les champignons de la fumagine noire. La présence de la cicadelle du maïs réduit la capacité photosynthétique de la plante mais son impact le plus important sur la santé des plantes et des cultures est celui provoqué par la transmission de maladies. 

La cicadelle du maïs transmet les pathogènes suivants : 

  • Le 'Corn stunt spiroplasma' (CSS) causé par la bactérie Spiroplasma kunkeliiqui provoque un retard de croissance de l’épi de maïs (voir image ci-dessous)
  • Le 'Maize bushy stunt phytoplasma' (MBSP), un phytoplasme responsable du rabougrissement de l’épi de maïs (voir image ci-dessous)
  • Le virus rayado fino du maïs, responsable d'une maladie appelée « rayure fine du maïs » 

Les maladies transmises par ce ravageur contribuent davantage à la perte de rendement des cultures que son comportement alimentaire direct. La perte de rendement peut être particulièrement grave lorsque les jeunes plants sont infectés par l’un de ces agents pathogènes. 

Comment savoir si j'ai un problème de cicadelle du maïs ?

Les œufs de cicadelles du maïs sont difficiles à remarquer sans expérience et sans connaissances du cycle de vie du ravageur. La présence de cicadelles adultes signifie généralement que les cultures sont déjà infectées par au moins une des maladies mentionnées ci-dessus et indique l'existence probable d'un problème de santé de la culture. Les dommages causés par les maladies transmises par la cicadelle du maïs conduisent à plusieurs symptômes qui deviennent plus évidents à mesure que la saison de croissance avance.  

Le maïs infecté peut avoir: 

  • Des grains et des épis de plus petite taille et un nombre inférieur de grains.  
  • Des feuilles plus petites et décolorées, pâles, de couleur jaune ou rougeâtre.  

L'apparence et la gravité des symptômes varient en fonction de la souche et de l'âge de la plante affectée ainsi que du nombre de cicadelles adultes infectées dans la région. 

Image de divers épis de maïs doux, endommagés par la cicadelle du maïs
Dommages aux épis de maïs causés par les maladies transmises par la cicadelle du maïs. De gauche à droite : épi sain, épi malade de la CSS, épi atteint par le MBSP, épi malade des deux pathogènes. Crédit : CABI

Comment se débarrasser des cicadelles du maïs ?

Malgré leur impact dévastateur sur les cultures de maïs, la cicadelle du maïs peut être gérée de diverses manières, notamment par une combinaison de surveillance, de culture et de lutte antiparasitaire. contrôle biologique méthodes. 

La surveillance (monitoring)

La surveillance peut être effectuée en examinant les bacs à semis 'tout-en-un' à la recherche d'insectes, ou en utilisant des pièges collants jaunes. Les bacs à semis 'tout-en-un' sont des unités préemballées contenant des graines, de la terre et des nutriments qui permettent de simplifier la culture des plants de maïs en fournissant tout ce qui est nécessaire à leur croissance. Les pièges collants peuvent être utilisés tôt après la levée des semis pour permettre de repérer plus facilement l’arrivée du ravageur, permettant ainsi aux agriculteurs d’agir précocement et de prévenir une infestation plus importante. 

Contrôle cultural

Le contrôle cultural consiste à utiliser certaines pratiques et techniques agricoles afin de prévenir ou réduire les problèmes liés aux ravageurs.  

Semis précoce

Le nombre de cicadelles du maïs augmente à mesure que la saison de croissance avance. Planter des graines précocement peut permettre aux plantes d'atteindre un stade mature plus tôt dans la saison, les rendant plus résistantes aux dégâts causés par la cicadelle du maïs. 

Supprimer le maïs spontané

Le maïs spontané est cultivé involontairement, souvent à cause des grains restants après la récolte. Ce maïs peut servir d’hôte à la cicadelle du maïs et prolonger la survie du ravageur. L'élimination des plants de maïs spontanés et une période sans la présence de maïs pendant l'hiver peuvent contribuer à réduire le nombre de cicadelles du maïs.

Rotation des cultures 

Étant donné que la cicadelle du maïs affecte principalement le maïs, la plantation, en alternance dans un même champ, de cultures non hôtes peut contribuer à réduire les populations de cicadelle du maïs. 

La lutte biologique 

La lutte biologique repose sur l’utilisation de solutions antiparasitaires dérivées de la nature et offre une alternative plus respectueuse de l'environnement que les pesticides chimiques conventionnels. Les méthodes de lutte biologique peuvent être divisées en quatre catégories. Parmi celles-ci, à ce jour, deux se montrent efficaces dans la lutte contre la cicadelle du maïs:  

Les substances naturelles

Les substances naturelles sont des composés dérivés de sources naturelles comme les substances extraites de végétaux, qui permettent d'éliminer directement certains ravageurs. L' Azadirachtin, un composé dérivé de la graine du neem, est toxique pour la cicadelle du maïs en entravant leur alimentation et leur reproduction. Les extraits de la plante du pavot épineux du Mexique sont également efficaces contre ce ravageur.  

Les micro-organismes

Image de paysage d'un agriculteur dans un champ pulvérisant ses cultures avec un produit de lutte biologique
Un agriculteur traitant son champ avec un produit de lutte biologique, qui peut être utilisé avec des équipements conventionnels tels que des pulvérisateurs à dos. Crédit : CABI 

Les micro-organismes comprennent certaines bactéries, certains champignons ou virus qui ont la capaciter d’infecter et de tuer les ravageurs ciblés. Les larves de cicadelles du maïs sont particulièrement vulnérables à différentes souches de la bactérie Pseudomonas et à un champignon appelé Beauveria bassiana. Ces microbes provoquent des infections mortelles chez divers insectes. Par exemple, B. bassiana se propage dans tout le corps de l’insecte par la circulation sanguine, et en produisant des toxines et en privant l’insecte de ses nutriments finit par tuer son hôte.

Les pesticides chimiques

En tant que leader mondial dans la mise en œuvre des connaissances en matière de gestion des ravageurs basée sur la nature, CABI encourage Lutte intégrée contre les ravageurs (IPM) comme approche privilégiée, fondée sur l'écologie, pour produire des cultures saines, qui permet l'utilisation de pesticides chimiques uniquement en cas de besoin, et en adhérant à des mesures limitant l'exposition des personnes et de l'environnement à ces pesticides (voir FAO, Code de conduite international sur la gestion des pesticides).

Avant d'envisager l'utilisation de pesticides chimiques, les agriculteurs devraient explorer toutes les solutions de lutte non chimiques disponibles, notamment les pratiques culturales et la consultation des CABI BioProtection Portal pour identifier et appliquer des produits de lutte biologique appropriés.

Si l’utilisation de pesticides chimiques est envisagée, les agriculteurs doivent s’efforcer de sélectionner des pesticides chimiques à faible risque qui, lorsqu’ils sont utilisés dans le cadre d’une stratégie de lutte intégrée, aident à gérer les problèmes de ravageurs tout en minimisant les effets nocifs sur la santé humaine et l’environnement. Les prestataires de services de conseil agricole peuvent fournir des informations sur les pesticides chimiques à faible risque disponibles localement et compatibles avec une stratégie de lutte intégrée. Ces experts peuvent également conseiller sur l’équipement de protection individuelle requis.

Recherche

Vous touverez de nombreux articles scientifiques sur la cicadelle du maïs en faisiant une recherche sur Google Scholar, y compris ceux de la revue Oxford Academic. Un article de 2022 décrit la résistance de certains hybrides (souches) de maïs à la cicadelle. L’article détaille le comportement de la cicadelle du maïs à la recherche de la partie de la plante la plus appropriée pour son alimentation. Les auteurs ont mesuré le comportement des adultes de D. maidis en utilisant la technologie appelée Electrical Penetration Graph, qui permet de mesurer l’onde produite en fonction de la façon dont le ravageur interagit avec la plante. Ils ont constaté que l’accès de la cicadelle à la plante dépend de la souche de la culture. Le temps que le ravageur passe au conditionnement du phloème (c’est-à-dire à préparer le phloème pour l'ingestion) varie selon l’hybride. Le test LSD de Fisher montre des variations dans la forme de l’onde, sa durée et le nombre d’événements. De telles études permettent de sélectionner des souches de maïs résistantes à la cicadelle.

Résumé

La cicadelle du maïs est un ravageur important des cultures de maïs, causant des dégâts considérables en transmettant des agents pathogènes. Ce ravageur est répandu dans les Amériques et pose un problème important aux cultures de maïs au Brésil. La cicadelle du maïs se reconnaît à sa couleur beige ou jaune clair et aux taches sombres sur sa tête. Pour la combattre efficacement et durablement, il faut une gestion intégrée des ravageurs, comprenant des techniques de surveillance, telles que les pièges collants jaunes, et des pratiques culturales comme le semis précoce, l'élimination des repousses de maïs et la rotation des cultures. Les luttes biologiques, notamment les substances naturelles et les microbes, aident également à atténuer l'impact de la cicadelle du maïs. Si les pesticides chimiques peuvent réduire leur nombre, ils sont moins efficaces pour prévenir la propagation des maladies, peuvent nuire aux insectes utiles et à la santé humaine et doivent être utilisés lorsque d'autres options ont été testées au préalable. 

Pour plus d'informations sur les moyens écologiques de lutter contre la cicadelle du maïs, visitez le CABI BioProtection Portal. Pour découvrir des méthodes de lutte contre d'autres ravageurs respectueuses de l'environnement, notre page de ressources propose des articles dédiés sur de nombreuses espèces de ravageurs communs. 

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