

Aperçu
Qu'est-ce que la lutte biologique (biocontrôle) ?
Pourquoi la lutte biologique contre les nuisibles est-elle nécessaire ?
Quels sont les différents types de lutte biologique contre les nuisibles ?
Quels sont les différents agents de lutte biologique ?
Les avantages de la lutte biologique
Les défis de la lutte biologique contre les nuisibles
Qu'est-ce que la lutte biologique ?
La lutte biologique (ou « biocontrôle») est l'utilisation d'organismes vivants et de composés d'origine naturelle (ou identiques aux produits naturels) pour contrôler les populations de ravageurs et de maladies.
La IBMA (Association internationale des fabricants de biocontrôle) définit les produits de biocontrôle comme :
Des outils issus de la nature, ayant un faible impact sur la santé humaine et l'environnement et qui sont utilisés pour lutter contre les ravageurs, les mauvaises herbes et les maladies.
Cette approche est utilisée avec succès depuis plus de 100 ans pour gérer la propagation des ravageurs, protéger les cultures et rétablir l'équilibre des écosystèmes et des habitats.
La lutte biologique comme alternative naturelle aux pesticides
La lutte biologique fait appel à des technologies naturelles pour lutter contre les ravageurs dans le respect de l'environnement. Lorsqu'elle est utilisée correctement, la lutte biologique peut réduire l'utilisation des produits chimiques synthétiques, dont l'impact est parfois dévastateur sur les humains, la faune, la flore, la santé des sols et la production agricole.
Certains ravageurs sont des espèces exotiques envahissantes ou ravageurs non indigènes– introduits de manière volontaire ou accidentelle en dehors de leur aire de répartition naturelle, sans leurs ennemis naturels. L'absence de leurs ennemis naturels facilite la propagation de ces espèces dans leur nouvel environnement. Le CABI a démontré que la lutte biologique est un moyen efficace de contrôle des espèces exotiques envahissantes.
Quel est l'objectif de la lutte biologique contre les ravageurs et qui devrait l'utiliser ?
L'objectif du biocontrôle est de protéger les producteurs contre les ravageurs et les maladies de leurs cultures sans mettre en danger les humains, nuire à la flore, la faune ou favoriser la résistance des ravageurs aux pesticides. Le biocontrôle peut être utilisé comme une méthode de lutte rapide ou comme la mise en place progressive d'une protection durable contre les nuisibles dans le système ciblé. Il convient également parfaitement aux personnes intéressées par l'agriculture biologique et durable.
Pourquoi la lutte biologique contre les nuisibles est-elle nécessaire ?


Les méthodes de lutte biologique gagnent en popularité en raison des problèmes liés à l'utilisation des pesticides chimiques traditionnels (sur l'environnement, la santé humaine, la faune ou la flore) et de résistance des ravageurs à ces produits.
De plus, la demande croissante des consommateurs pour des aliments biologiques ou à faible teneur en résidus de pesticides a stimulé la recherche de méthodes de lutte antiparasitaire plus naturelles .
Réduire les intrants chimiques de synthèse
Les pesticides chimiques synthétiques peuvent avoir des effets néfastes sur une variété de facteurs dans l'agriculture. Ils peuvent perturber la vie du sol limitant ainsi les processus fondamentaux de croissance des plantes et leur vigueur. Ils peuvent nuire à la faune et à la flore dans et autour des exploitations et polluer les cours d'eau.
Les humains peuvent également être affectés par les pesticides chimiques synthétiques, en particulier les plus toxiques - directement par exposition ou contamination de l'eau potable, et indirectement lorsque la résistance des ravageurs entraîne des pertes de récoltes, et donc de moyens de subsistance.
Nouveaux ravageurs et maladies
L'augmentation du commerce et des voyages a entraîné l'arrivée d'espèces non indigènes dans des régions distintes de leur aire d'origine. Les prédateurs naturels, les agents pathogènes qui naturellement contribuent à la régulation de ces espèces dans leur région d'origine, sont absents. En l'absence de leurs prédateurs et agents pathogènes, les espèces non indigènes bénéficient alors d'un énorme avantage sur les espèces natives.
Quels sont les différents types de lutte biologique contre les nuisibles ?


Il existe plusieurs stratégies ou types de lutte biologique : augmentative, classique (importation) et conservatrice.
Lutte biologique augmentative
La lutte biologique augmentative consiste à utiliser les ennemis naturels (micro-organismes, insectes et acariens prédateurs, substances naturelles) d'un ravageur, ayant la capacité de réguler ou supprimer les populations de ce ravageur.
Le lâcher d'ennemis naturels d'un ravageur peut être pratiqué en quantité limitée, d'une manière régulière, au cours d'une même saison ou d'une saison à l'autre (méthode inoculative), ou d'une manière massive lorsque l'on recherche une impact plus immédiat (méthode inondative).
Lutte biologique classique
La lutte biologique classique – également appelée lutte biologique d'importation – est l'introduction d'un organisme non-indigène pour lutter contre un ravageur non-indigène précédemment introduit d'une autre région du globe.
L'objectif n'est pas d'éradiquer cet organisme exotique envahissant, mais de ramener la densité de ses populations sous un seuil écologiquement ou économiquement acceptable.
Le CABI– l'organisation qui gère le Portail CABI BioProtection – a une riche histoire en lutte biologique classique. Le CABI étudie les agents de contrôle biologique potentiels pour diverses espèces envahissantes à l'échelle mondiale. Les études menées par le CABI ont permis par exemple le lâcher d'un agent de lutte biologique, Diadrome pulchellus, qui est une espèce de guêpe, pour lutter contre la teigne envahissante du poireau, Acrolépiopsis assectella, au Canada.
Lutte biologique conservatrice
La lutte biologique de conservation est la préservation - ou la conservation - des ennemis naturels déjà présent dans un environnement donné et qui contribuent à la régulation des organismes nuisibles. Cette méthode pourrait être considérée comme l'une des plus simples stratégies de contrôle biologique, puisque les ennemis naturels du ravageur sont déjà présents et au travail. Le but de la lutte biologique de conservation est de maintenir les populations de ces organismes auxilliaires bénéfiques.
Quels sont les différents agents de lutte biologique ?


Il existe différents types d'agents de lutte biologique, notamment les micro-organismes, les substances naturelles, les produits sémiochimiques et les invertébrés (insectes, acariens, nématodes). Tous ces éléments peuvent être utilisés pour perturber, repousser ou éliminer les ravageurs et les maladies attaquant les végétaux.
Les micro-organismes
Ce groupe contient des bactéries, des champignons, des virus et d'autres micro-organismes ayant la capacité d'éliminer, de concurrencer ou de prévenir certains ravageurs et maladies. Des micro-organismes ont été produits en masse et homologués comme produits phytosanitaires pour toute une gamme de ravageurs et de maladies à travers le monde.
La lutte microbiologique fait référence à une méthode de lutte contre les ravageurs ou les maladies utilisant des micro-organismes – de très petits êtres vivants.
Les substances naturelles
Les substances naturelles sont constituées de composants d'origine naturelle, y compris de certains produits chimiques naturels, ayant une activité antimicrobienne, insecticide ou répulsive. Elles peuvent être obtenues à partir de plantes, d'animaux, de micro-organismes, mais pas exclusivement ; elles peuvent également être des copies synthétiques de produits naturels.
Les produits sémiochimiques
Les produits sémiochimiques sont des composants porteurs de messages produits par un animal ou une plante et qui peuvent être utilisés pour modifier et perturber le comportement normal d'un ravageur.
Il peut s'agir par exemple d'une phéromone ou d'une autre substance chimique envoyée par un organisme à un autre afin de modifier le comportement du receveur.
Les macro-organismes
Les macro-organismes, parfois appelés agents de lutte biologique invertébrés, comprennent les insectes, les nématodes et les acariens. Les macro-organismes utilisés en lutte biologique parasitent et/ou se nourrissent des ravageurs ciblés.
Les parasitoïdes bénéfiques, tels que les guêpes parasitoïdes, peuvent être utilisés comme agents de lutte biologique. Certains pondent leurs œufs à l'intérieur des œufs ou des larves du ravageur ciblé, empêchant celui-ci de se développer.
En 2021, le CABI et Koppert Biologicals Systems Ltd au Kenya ont entrepris un projet de gestion du ravageur de la tomate Tuta absoluta au Kenya en utilisant, entre autres, un miride prédateur Macrolophus pygmaeus (produit connu sous le nom de MIRICAL).
Les avantages de la lutte biologique


Spécificité
La lutte biologique, quelque soit la méthode, est sélectionnée et utilisée en raison de sa capacité à cibler un ravageur ou une maladie en particulier, ce qui se traduit par un taux de réussite élevé.
Durabilité
L'utilisation de substances naturelles en lutte biologique signifie qu'il est hautement improbable qu'il y ait des effets néfastes sur les personnes, la faune, la flore ou l'environnement en général. Cela en fait une solution viable à long terme qui peut être mise en œuvre dans tous les types d'exploitation, tels que les fermes, les jardins privés ou les serres.
Coûts
Les produits naturels peuvent parfois être achetés à un prix inférieur à celui des pesticides chimiques de synthèse. Mais surtout, à plus long terme, les produits biologiques peuvent devenir très rentables en favorisant une meilleure santé des sols et en évitant les applications répétées de pesticides chimiques défaillants ou induisant des phénomènes de résistance.
La lutte biologique classique par importation peut être une solution permanente et autosuffisante. Une fois mis en œuvre, il n'est pas nécessaire de répéter les importations.
Inocuité
Comme les produits de lutte biologique sont fabriquées à partir de matériaux d'origine naturelle, il est peu probable que ceux-ci aient des effets secondaires dangereux. A l'inverse, les effets secondaires de certains des pesticides chimiques les plus toxiques sont fréquents, y compris ceux pouvant affecter de manière aiguë (à court terme) et chronique (à long terme), les personnes, la faune, la flore et les écosystèmes,
Résistance
Les produits de contrôle biologique apportent de nouveaux modes d'action par rapport à leurs homologues chimiques, ce qui a pour effet de ralentir les phénomènes de résistance des ravageurs et des maladies à ces produits, et de les ramener à des niveaux gérables. De plus, les scientifiques sont toujours à la recherche de nouveaux organismes et de nouveaux modes d'action afin d'avoir toujours une longueur d'avance.
Les défis de la lutte biologique contre les nuisibles
Stockage
En raison de leur nature « vivante », les produits de lutte biologique ont souvent besoin d'installations de stockage adaptées, telles que la réfrigération, auxquels certains producteurs ont difficilement accès. Dans de tels cas, une méthode de biocontrôle alternative, ne nécessitant pas de moyens de stockage spécifiques, pourrait être sourcée.
Éducation
En raison de sa relative nouveauté, certains producteurs n'ont pas les connaissances en lutte biologique nécessaires à la mise en oeuvre de cette forme de lutte antiparasitaire. Ou, ils préfereront en rester aux méthodes déjà utilisées.
Cela dit, les produits de biocontrôle sont toujours accompagnés d'étiquettes et d'instructions détaillées. Les conseillers agricoles (lorsqu'ils sont disponibles) pourront donner les conseils nécessaires à une bonne utilisation de ces produits afin d'en assurer une meilleure efficacité.
La formation des utilisateurs de produits de biocontrôle est un domaine que le CABI travaille activement à améliorer, avec des des projets tels que le Portail CABI BioProtection et Plantwise Plus. .